ADIEU
Tout mon cœur, tout mon être, Mes sens et mon infus, Refuse ton néant, Toute mort est ingrate, Je ne pourrais admettre De ton éternité, Que cet immense amour Que tu nous as donné,
Mes doigts sont gours Ma plume est lourde, Mes pleurs ne servent plus Qu’à appauvrir mes yeux, Plus rien, ne sert a rien Pour moi, sous tous les cieux Et je voudrais comprendre, Le pourquoi du silence Le pourquoi des départs Le pourquoi des adieux
A MA FEMME
Mes dix huit ans sont là Envahissant ma tête De bonheurs , de joies, et de rire aux éclats Les cheveux de ma femme Sont noir comme l’ébène Et ma peine aujourd’hui Aussi noir que cela
J’ai rencontré la vie Des amours passagères Les enfants, les aines, Les parents et voilà J’ai le cœur qui saigne Et ne guérit pas La mort est la l’amour Ce que l’eau est a la mer Des vagues qui se retirent Et ne reviennent pas
SEUL
Seul, savez vous ce que ce mot veux dire ? Quand la maison est vide Qu’il n’y a plus un sourire Que les murs sont des murs Les objets des objets Les choses sont des choses Et votre âme un trou vide Que rien ne rempliera, Ni les pleurs ni les rires Seul vous etes seul Au milieu d’un grand bruit Que vous n’entendez plus Oh perdre la mémoire Et ne plus exister Que pour marger et boire Et plus jamais penser
SOUVENIRS
D’un livre de chevet distraitement ouvert Des pétales secs ont voltigées dans l’air Message embaumé parti de moins aimantes, Odeur de mon pays, qui le soir me hantent Pétales d’églantier dont le rose terni Entre les pages d’un livre, que si souvent je lis Pourquoi revenez vous me chercher dans mon lit Me dire que là-bas la rose qui fleurit A le parfum léger des soirs de jadis
ORGUEIL
Quelques pensées, sur un tas de sornettes Parmi nous, il était toujours sur la sellette D’une plaisanterie qui cherche a faire du mal Il répondait toujours par un mot amical Il n’avait pas compris, rire un peu niais Encore une occasion dont il faisait les frais.
J’ai fait comme tout le monde, j’ai commencé par rire Plaisanteries faciles, allusions souvent pires On aime a plaisanter quand il s’agit des autres Et si ça fait du mal, on ne sent pas qu’importe Il est parti un jour, avec les yeux mouillés J’ai été mal à l’aise pendant toute la journée
L’hôpital est triste sur un lit, quand les heures Passent si doucement parmi fièvres et douleurs Ils ne sont pas venus me voir, tous les malins Lui il était là, presque tous les matins Un livre, quelques oranges, toujours un bon sourire Besoin de quelque chose, te gènes pas pour le dire J’aurai voulu pouvoir lui demander pardon Mon cœur disait oui, mon orgueil disait non
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IMPRESSIONS
Grondement lointain qui monte en rugissant Les monstres aux pieds d’aciers se replient en grondant Ils passent dans un effroi de chenilles et de roues Creusent encore l’ornière et font jaillir la boue
Roulement lointain qui doucement s’apaise La nature effarée en revient à ses aises Le poulet déplumé s’approche en picorant Et le chien maigre aboie aux derniers grondements
Les monstres sont passés en laissant derrière eux Comme un goût très moderne aux relents sulfureux Le rameau mutilé doucement se redresse La nature en revient, encore à la tendresse Mais j’ai senti ce soir passer dans un frisson Comme un goût de malheur et une odeur de sang
PENSEES
C’est dans le sang C’est dans les larmes Que naissent les enfants Et c’est là tout le drame Ils auraient pu comme les papillons Venir tout doucement
Passant d’une vie à l’autre D’un destin très ouvert A une forme rutilante Et tout cela sans bruit Sans larmes et sans souffrance Mais nos Dieux pernicieux Ont préférés les guerres Les maladies infirmes Et les peurs séculaires Pour pouvoir apprécier Et en toute innocence Ils nous ont voyez vous Donner l’intelligence
NOSTALGIE
Les grandes scilles au mois de mai Hochant leurs têtes se balancent Sur les coteaux que tant j’aimais De l’Oranie de mon enfance
C’est au grand large que venait La brise tiède qui faisait Au grès du vent se balancer Les scilles de mer au mois de mai
Lorsque finissent les frimas Sur les collines du Languedoc Montant mon col, hâtant le pas Je pense aux scilles sur le roc Et aux parfums de mimosas
Et malgré toutes les années Quand le vent de mer me relance Je vois les scilles qui se balancent Au doux printemps du mois de mai Sous les coteaux de mon enfance De ce pays que tant j’aimais
ESPOIRS
Dans les pensées du HLM J’ai entendu le chant De l’oiseau Philomène Avec ces cris d’amour Et le cœur d’un amant Clame au point du jour L’hymne au soleil levant
Le béton a des failles Qui se couvrent de verdure Le soleil sur muraille Fait des enluminures Dans les poèmes rapportés Des cités prolétaires Dans les gravas affreux Où poussent les pariétaires Le chant du frêle oiseau Clamant son espérance Acclamant mon cœur Dans la désespérance
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